Nous avons déjà consacré une semaine thématique aux créatures volantes – mais c’était il y a près de deux ans (eh oui ! Notre programme en ligne Love&Collect existe depuis exactement quatre années, puisqu’il a commencé exactement un mois après le début du premier confinement…). Mais nous nous étions limités aux insectes – en tout cas aux créatures terrestres (même si elles étaient aériennes). Plus aventureuse, cette nouvelle sélection s’aventure du côté des chimères, et même d’anges (bien peu angéliques !).
Le titre que nous avons choisi est celui d’une belle série de l’artiste Kiki Smith (dont une œuvre ouvre cette nouvelle semaine) : Various Flying Creatures, qui comprend, outre la mouche, l’abeille et les mites, un oiseau, une chauve-souris, et même un écureuil !
Réalisées à partir de transferts lithographiques découpés et collés par un point sur une grande feuille, les œuvres de cette série semblent évoluer au gré des mouvements de l’air alentour, dotés d’une capacité de vol et d’une vie, même minuscules.
Avant la Part du colibri, du conférencier écologiste Pierre Rabhi, qui analysait en 2006 les enjeux de l’espèce humaine face à son devenir, les artistes des années ont été fascinés par d’autres animaux miniatures, au premier rang desquels le papillon, largement majoritaire dans les œuvres de cette semaine.
Si les lépidoptères sont absents des peintures et gravures de la préhistoire (en tout cas de celles qui nous sont jusqu’à ce jour parvenues), ils ont envahi la peinture occidentale à partir du XIVe siècle, dans la peinture italienne mais aussi chez les flamands.
La symbolique du papillon attire les artistes, notamment telle qu’elle émane de la tradition gréco-romaine (que ne pouvait ignorer Robert Coutelas, que nous retrouverons ici avec plaisir), dans laquelle le papillon est associé à l’âme, mais peut également représenter la témérité. Le terme grec ψυχή (psuchè) peut en effet se traduire aussi bien par âme que par papillon. Sur les tombes de l’époque romaine, un papillon accompagne souvent un squelette pour incarner l’âme qui s’échappe du corps (cette symbolisation macabre se retrouve ainsi sur une mosaïque pompéienne, un memento mori où un papillon figure entre un crâne, et une roue, symbole de la fortune). Attiré par la flamme, jusqu’à se brûler, le lépidoptère est également un symbole de témérité, ce qui expliquerait qu’une pièce de l’empereur Auguste figure un papillon attrapé par un crabe, mise en garde contre les dangers de la hardiesse…
Avec la Renaissance, les artistes commencent à observer scientifiquement et représenter fidèlement telle ou telle espèce de papillon. Un croquis de papillon, représenté aux côtés d’une libellule et d’un poisson volant, figure ainsi au dos du folio 99 du Codex Ashburham de Léonard de Vinci, tandis que Pisanello peint vers 1440 le Portrait d’une princesse de la Maison d’Este conservé au Louvre, où la noble demoiselle est entourée d’un flambé (Iphiclides podalirius), d’un vulcain (Vanessa atalanta) et d’un souci (Colias crocea).