L’art moderne a fait un usage extensif de la loi du contraste simultané des couleurs, qui est une caractéristique de la perception humaine des couleurs énoncée dès 1839 par le chimiste Michel-Eugène Chevreul, qui a fixé que le ton de deux plages de couleur paraît plus différent lorsqu’on les observe juxtaposées que lorsqu’on les observe séparément, sur un fond neutre commun. Sonia Delaunay a pour sa part érigé cette loi en véritable principe, en tirant avec son mari Robert l’invention du simultanéisme, que leur complice Blaise Cendrars a ainsi explicité : ce contraste n’est pas un noir et blanc, au contraire, une dissemblance. L’art d’aujourd’hui est une profondeur. […] Le simultané est une technique, le contraste simultané est le perfectionnement le plus nouveau de ce métier, de cette technique.
Après la seconde guerre mondiale au contraire, l’urgence était bien de repartir de zéro. La présence, au cœur de cette semaine, d’une œuvre quasi pariétale signée Bernard Aubertin évoque en effet la nécessité vitale de bouleverser l’ordre établi, faire bouger les lignes, pour redéfinir le fondamentaux, jugés obsolètes, de la société comme de l’art. L’un de ses inventeur, Otto Piene, en détaille ainsi les enjeux : Nous avons, dès le départ, compris ZERO comme un nom pour une zone de silence et de nouvelles possibilités, et non pas comme l’expression du nihilisme ou d’un gag dans la veine du Dada. Nous pensions au compte à rebours avant le départ d’une fusée – Zero est la zone incommensurable, dans laquelle une situation ancienne se transforme en une situation nouvelle et inconnue.
Comme dans un effet de contraste sur le contraste, nous avons choisi de consacrer cette nouvelle semaine à des gestes minimaux, exprimés dans la franche dualité du noir et du blanc, quand l’art invente de nouvelles nuances, spirituelles plus que rétiniennes, afin de permettre ce nouveau départ, car comme le proclamait une affiche-tract du groupe : Zero est silence. Zero est commencement. Zero est Zero.